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21 septembre 2005

Tornero tra cinque giorni ...

20 septembre 2005

La vie mélancolique de François Léotard

Il y a dans le Monde d'aujourd'hui un très bel article de Raphaëlle Bacqué consacré à François Léotard. J'ai lu il y a quelques mois le dernier livre de Léotard, "La vie mélancolique des méduses" (Grasset), et j'avais déjà été surpris par la dureté et la lassitude du ton du roman. L'article est de la même eau.

"Ce qu'il a aimé de cette vie-là ? "La violence" , dit-il sans hésiter. Ce qu'il méprise aujourd'hui ? Que les autres n'aient pas pris comme lui cette violence au sérieux.".

"Il regarde désormais le pouvoir de loin. Avec la crainte sourde, toutefois, "que l'on m'appelle un matin pour me proposer un dernier hochet. Et que toute cette histoire se termine très banalement par une légion d'honneur" ".

Pronostics présidentiels

Grand amateur de politique, et donc parfois (erreur de logique j'en conviens) de politique-fiction, je lis avec grand plaisir le post de Versac consacré à ses pronostics pour la présidentielle de 2007 (c'est demain !). Krysztoff de 1984 s'était lui aussi penché sur l'idée.

Une chose me frappe dans ces pronostics: il n'y a (presque) que des têtes neuves, et la plupart des participants aux discussions voient triompher un prétendant dont ce sera la première candidature (Villepin, Sarkozy, Fabius ou DSK, pour ne parler que de ceux qui ont la faveur des pronostics).

Pourtant, l'histoire récente de la Ve République est édifiante: Mitterrand est pour la première fois candidat à la présidentielle en 1965, et est élu en 1981; Chirac est quant à lui candidat dès 1981 et est élu en 1995. Il n'y a guère que Giscard qui soit élu dès sa première candidature, en 1974 et de justesse.

Donc, soit l'élection de 2007 marquera un rajeunissement (je ne parle que de rajeunissement démographique, pas des idées) assez drastique de la vie politique française. Sarkozy (né en 1953), Villepin (1955) ou DSK (1949) sont environ vingt ans plus jeunes que Chirac (1932); Fabius (1946) fait figure de doyen du groupe, mais est tout de même quinze ans plus jeune.

Soit quelqu'un de la génération intermédiaire et dont ce ne sera pas la première candidature gagnera l'élection. Et là, je ne vois guère que Jospin (1937) qui réunisse les deux conditions. Sinon, si il faut quelqu'un de la génération intermédiaire, mais qu'on n'attache pas d'importance à l'historique des candidatures, il y a aussi Jack Lang (1939) ...

13 septembre 2005

No tombe (Frenchie style)

En général, je ne suis pas un grand fan d'Amélie Nothomb. M'énervent, pêle-mêle, ses chapeaux, sa voix criarde, son goût pour les fruits blets, sa régularité de métronome à l'approche de la rentrée littéraire, ses titres que je confonds entre eux et, bien entendu (on ne se refait pas), la thrombose médiatique autour de sa petite personne.

Mais je reste tout de même bouche bée devant l'incipit de sa dernière production (que je n'ai pas lue -on ne se refait pas).

"Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle".

06 septembre 2005

Présidentielle santé

J'ai beau faire, je ne parviens pas à comprendre au nom de quel principe la démocratie moderne peut exiger la "transparence" en ce qui concerne la santé de ses dirigeants.

Or donc, Jacques Chirac, 72 ans, est amené à l'hôpital du Val-de-Grâce suite à un accident vasculaire ayant entraîné des troubles de la vue. Fin du communiqué, laconique j'en conviens.

Il n'en faut pas plus -ou pas moins- pour que se déchaîne l'appareil médiatique. Le Monde consacre son éditorial à la question (on le comprend) et n'a pas peur de l'ouvrir (l'éditorial, pas sa g...) le plus sérieusement du monde par un vitupérant "En France, on pratique un culte du secret qui a peu à envier à celui naguère observé par le Kremlin vis-à-vis des dirigeants de l'ex-Union soviétique". Ben voyons, rien que ça !

Les autres journaux (à part probablement le Figaro -je n'ai pas eu le courage d'aller vérifier, tenez-moi au courant) sont sur la même longueur d'onde. Les dirigeants politiques de tout bord itou: il ne leur suffit pas de pouvoir enterrer Chirac pour 2007 (voir l'article de Libération délicatement intitulé Sans fleurs ni couronnes), ils hurlent bien sûr au loup, trop contents d'être (qui a dit "pour une fois" ?) en ligne avec l'opinion dominante. Kouchner fait exception (tiens! c'est un médecin) en faisant valoir que "tout le monde a droit au secret médical".

Ainsi donc, le fait d'être le primus inter pares de nos médiacraties démocratiques obligerait ces personnes à fournir abondamment les médias en détails (tant qu'à faire racoleurs, ne soyons pas mesquins et opaques) dont on ne veut parfois même pas, quand il s'agit de nous-mêmes, qu'ils soient transmis à nos proches ? Et au nom de quoi ? D'une sacro-sainte transparence ?

Je vois d'ici les articles dont on nous abreuverait. "Nicolas Sarkozy s'est ce matin occasionné une vilaine coupure de la carotide en se rasant. Le sang (le Ministre-Président est de groupe sanguin A+) a coulé abondamment, provoquant chez Monsieur Sarkozy des étouffements et des étranglements. L'hémorragie a provoqué des pertes de conscience qui ont a leur tour été la cause d'un coma de stade trois, dépassé depuis lors. Monsieur Sarkozy a donc perdu le contrôle de ses fonctions vitales, ce qui se traduit notamment par son incapacité à aller à selles ou à procéder à la miction de manière autonome". Et caetera, ad nauseam.

Donc, que voulait-on savoir ? "Jaques Chirac, 72 ans dont 10 à la Présidence de la République, s'est rendu compte hier soir que sa vision était limitée et qu'il était sujet à un fort mal de tête. Se levant pour aller en avertir un proche conseiller, il a perdu l'équilibre et s'est occasionné une forte contusion au coude en s'écorchant contre une commode Boulle. Immédiatement prévenu, son médecin personnel a diagnostiqué ...", le tout suivi de précisions aussi oiseuses que nombreuses sur la nature de l'affection, son pronostic vital, ses antécédents, et ainsi de suite ? Le tout sans doute accompagné d'une infographie AFP "les accidents vasculaires cérébraux" ?

Non décidément, j'ai du mal à comprendre. Je ne vois pas la valeur ajoutée de ce type de renseignements pour le fonctionnement démocratique. J'ai plus tendance à y voir une manifestation du voyeurisme médiatique. A quand une télé-réalité "That Old President Of Ours" qui suivrait Chirac jour et nuit, de cabinets ministériels en cabinets de toilette ?

Franchement, c'est Urgences à la Présidence qu'on veut, ou quoi ?
Quelqu'un a-t-il une idée de solution pour cette devinette mathématique posée par David Madore ? Moi pas, et j'aimerais bien la connaître.

Chef, oui, chef ! [VO: Sir, yes, Sir !]

Le Chief Justice (titre plaisant) disparaît, et Libé considère que la Cour Suprême [en] est décapitée. Péché véniel que Maître Eolas s'empresse de crucifier avec un enthousiasme communicatif.

En indiquant hier sa volonté de faire de John Roberts, qui n'est pas encore Associate Justice, le prochain Chief Justice, George Bush surprend son monde. Ma question subsidiaire: dans une démocratie, est-il sain que le Président puisse nommer à vie des juges aux pouvoirs aussi grands ?

Feu William Rehnquist avait été nommé à la Cour en 1972. Faisons le compte. 33 ans se sont écoulés depuis lors: 21 sous présidence républicaine (Nixon, Ford, Reagan, Bush Sr. et Bush Jr.) et 12 sous présidence démocrate (Carter et Clinton). Jusque là, il semble donc assez normal que le président de la Cour Suprême soit de sensibilité républicaine (encore que l'on peut assez facilement semble-t-il qualifier Rehnquist d'ultra-conservateur, ce qui n'est pas le cas de tous les Républicains. Admettons). Il n'en reste pas moins que sur ces 33 ans, 36% ont été passés sous présidence démocrate, ce qui n'est pas négligeable.

Par contre, si l'on considère que Rehnquist a été nommé Chief Justice en 1986, le bilan est plus contrasté: depuis 1986, 19 ans, dont 11 sous présidence républicaine et 8 sous présidence démocrate (58% / 42%).

Doit-on en conclure que la nomination à vie des juges de la Cour Suprême n'est ni démocratique, ni anti-démocratique, puisqu'elle laisse surtout une large place au hasard, puisque c'est la grande faucheuse qui décide du remplacement des juges, et qu'elle ne saurait être ni Républicaine, ni Démocrate ? Voire ...

Voire, car je suis tombé hier sur l'article de Wikipédia US consacré à la juge Sandra Day O'Connor, laquelle a indiqué en juillet son intention de quitter la Cour. Et ce paragraphe-ci m'interpelle :

(citation) "On December 12, 2000, the Wall Street Journal reported O'Connor was reluctant to retire with a Democrat in office: "At an Election Night party at the Washington, D.C., home of Mary Ann Stoessel, widow of former Ambassador Walter Stoessel, the justice's husband, John O'Connor, mentioned to others her desire to step down, according to three witnesses. But Mr. O'Connor said his wife would be reluctant to retire if a Democrat were in the White House and would choose her replacement. Justice O'Connor declined to comment"." (fin de citation)

Premier élément, qui est humain, mais qui n'en est pas moins préoccupant.

De plus, au début 2005 la Cour Suprême n'avait plus enregistré aucune modification de sa composition depuis 11 ans (1994). Il ne reste plus qu'à faire le compte:

- William Rehnquist: 1972 - Richard Nixon (Rep)
- Ruth Bader Ginsburg: 1993 - Bill Clinton (Dem)
- David Souter: 1990 - George H. Bush (Rep)
- Clarence Thomas: 1991 - George H. Bush (Rep)
- Stephen Breyer: 1994 - Bill Clinton (Dem)
- Anthony Kennedy: 1988 - Ronald Reagan (Rep)
- Sandra Day O'Connor: 1981 - Ronald Reagan (Rep)
- John Paul Stevens: 1975 - Gerald Ford (Rep)
- Antonin Scalia: 1986 - Ronald Reagan (Rep)

Autrement dit, sur 9 juges, 7 dont le Président ont été nommés par des Présidents républicains (77%). "Heureusement", si l'on ose dire, les deux juges qui ont quitté la Cour cette année étaient étiquetés républicains. Dans le pire des cas, l'on aurait pu se retrouver avec une Cour Suprême composée uniquement de juges nommés par des Présidents républicains, ce qui me semble poser un léger problème d'équité dans un pays doté d'un système largement bipartisan où, bon an mal an, chacun des deux partis représente 50% des voix.

Pas la peine de tomber dans la théorie du grand complot pour considérer le système d'élection à vie comme imparfait (euphémisme), et ce même en-dehors des questions de principe sur la capacité d'un juge atteint comme Rehnquist d'un cancer de la thyroïde en phase terminale à assurer sa charge (no offense meant). Ce système pourrait tout à fait avoir favorisé dans les mêmes proportions les juges démocrates, mais le fait est là: il ne reflète ni la sensibilité passée du pays, ni sa tendance politique actuelle.

Il ne reste plus donc, à système inchangé, qu'à croire à l'utopie suivante: les Présidents nomment des juristes hors pair sans se préoccuper de leurs sensibilités politiques. L'histoire de la Cour Suprême a constamment démontré le contraire.

01 septembre 2005

Sur Dominique de Villepin

Décidément, Dominique de Villepin, qui annonce aujourd'hui son "plan de croissance sociale", n'est pas là où on l'attendait depuis sa nomination. Le flamboyant Néron n'est-il finalement, pour reprendre les paroles du Monde, qu'un "libéral-social" (appellation qui me fait irrésistiblement penser à "social-traître") ? Certains semblent le penser.

En tous cas, on peut apprécier ou pas l'homme, sa famille politique et/ou ses idées (et d'ailleurs, rien n'interdit le panachage, c'est-à-dire d'apprécier l'homme, d'abhorrer sa famille politique, et d'être sceptique sur la valeur de ses idées -ou vice versa), mais on ne peut pas lui enlever sa capacité de prendre à contre-pied les analystes de tout poil qui se régalaient, au moment de sa nomination, de la citation du meilleur d'entre eux:  "il ferait un excellent premier ministre en temps de guerre".

Et si vous désirez, on ne sait trop pourquoi, vous faire un avis sur le fond des mesures annoncées ce jour, je ne saurais trop vous conseiller de jeter un oeil aux analyses du plan Villepin par Versac et par Ceteris Paribus).

Complot anti-liberté dans le Monde

Une dépêche AFP relayée par le Monde (capture d'écran ici, car le lien va périmer assez rapidement) qui vaut le détour.

C'est ce qui s'appelle clouer le becq

Bon, OK, je n'ai pas (encore) lu le nouveau roman dont tout le monde parle depuis ce matin dans les librairies fréquentées par le vulgum pecus, depuis quinze jours dans les journaux, depuis trois mois dans le microcosme littéraire parisien, et depuis dix ans parmi les proches de l'Artiste (c'est-à-dire, apparemment, pas grand monde). Ceci dit, franchement, depuis quand le fait de n'avoir pas lu un roman empêche-t-il d'en parler ? Soyons sérieux cinq minutes ...

Donc, n'ayant rien à dire (*) sur ce chef-d'oeuvre autoproclamé, il ne me reste plus qu'à lire ce que d'autres plus intelligents ou plus audacieux que moi en pensent. Et je trouve l'exécution de l'Oeuvre par le souvent excellent Pierre Assouline dans son billet du jour particulièrement jouissive. Extrait choisi: "M.H. s'imagine qu'il suffit de rajouter "infernale" devant "petite salope" pour faire baudelairien. En fait, c'est plus compliqué.". L'ensemble du billet vaut la peine. Cadeau bonux: Assouline émet un jugement tranché et argumenté. Et il a lu le livre. C'est précieux.

(*) Ah si, une chose tout de même. Sollers m'énerve.

The Flying Spaghetti Monster

Le flying spaghetti monsterism c'est quoi ? C'est à enregistrer dans la rubrique "puisqu'on est tombé aussi bas, autant faire de ce truc un joyeux foutoir", ça fait l'objet d'un article de Wikipédia, et j'en ai appris l'existence via Pascal Riché. Vous aussi, voyez et croyez.

Note à benêt

Ceci m'a bien fait rire.

Le provisoire actuel

Depuis qu'il existe une noria de sites permettant de suivre les dépêches d'actualité quasiment en temps réel, je suis devenu -et je n'ai pas l'impression d'être le seul- très enclin à vérifier compulsivement les dernières nouvelles neuves du monde.

L'envers du décor, c'est le "provisoire actuel". Ou comment, lorsque des nouvelles qui nécessitent des développements au fur et à mesure, ou qui ne peuvent pas se résumer à une seule dépêche laconique, suivent une escalade que l'on se prend à suivre avec attention. Exemple récent: les attentats à Londres: du "power surge on the London underground network" encore anodin, on est passé en quelques minutes au "major incidents in various places of the London underground network" déjà plus inquiétant ...

Pareil hier, avec la tragédie à Bagdad. Le compte des victimes est tellement élevé et a suivi une progression tellement exponentielle qu'il en perd presque toute réalité. De 400 morts à plus de 1000 en quelques minutes ...

Finalement, les dépêches à portée de souris, c'est sans doute aussi une manière supplémentaire de dissiper le sentiment de réalité que pouvait encore avoir cette actualité.

Il y aurait aussi pas mal à dire sur la tendance qu'ont les quotidiens de référence à suivre cette mode de l'instantané et des dépêches. Un terrain où ils se débrouillent parfois bien et parfois moins. J'y reviendrai ...