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06 septembre 2005

Présidentielle santé

J'ai beau faire, je ne parviens pas à comprendre au nom de quel principe la démocratie moderne peut exiger la "transparence" en ce qui concerne la santé de ses dirigeants.

Or donc, Jacques Chirac, 72 ans, est amené à l'hôpital du Val-de-Grâce suite à un accident vasculaire ayant entraîné des troubles de la vue. Fin du communiqué, laconique j'en conviens.

Il n'en faut pas plus -ou pas moins- pour que se déchaîne l'appareil médiatique. Le Monde consacre son éditorial à la question (on le comprend) et n'a pas peur de l'ouvrir (l'éditorial, pas sa g...) le plus sérieusement du monde par un vitupérant "En France, on pratique un culte du secret qui a peu à envier à celui naguère observé par le Kremlin vis-à-vis des dirigeants de l'ex-Union soviétique". Ben voyons, rien que ça !

Les autres journaux (à part probablement le Figaro -je n'ai pas eu le courage d'aller vérifier, tenez-moi au courant) sont sur la même longueur d'onde. Les dirigeants politiques de tout bord itou: il ne leur suffit pas de pouvoir enterrer Chirac pour 2007 (voir l'article de Libération délicatement intitulé Sans fleurs ni couronnes), ils hurlent bien sûr au loup, trop contents d'être (qui a dit "pour une fois" ?) en ligne avec l'opinion dominante. Kouchner fait exception (tiens! c'est un médecin) en faisant valoir que "tout le monde a droit au secret médical".

Ainsi donc, le fait d'être le primus inter pares de nos médiacraties démocratiques obligerait ces personnes à fournir abondamment les médias en détails (tant qu'à faire racoleurs, ne soyons pas mesquins et opaques) dont on ne veut parfois même pas, quand il s'agit de nous-mêmes, qu'ils soient transmis à nos proches ? Et au nom de quoi ? D'une sacro-sainte transparence ?

Je vois d'ici les articles dont on nous abreuverait. "Nicolas Sarkozy s'est ce matin occasionné une vilaine coupure de la carotide en se rasant. Le sang (le Ministre-Président est de groupe sanguin A+) a coulé abondamment, provoquant chez Monsieur Sarkozy des étouffements et des étranglements. L'hémorragie a provoqué des pertes de conscience qui ont a leur tour été la cause d'un coma de stade trois, dépassé depuis lors. Monsieur Sarkozy a donc perdu le contrôle de ses fonctions vitales, ce qui se traduit notamment par son incapacité à aller à selles ou à procéder à la miction de manière autonome". Et caetera, ad nauseam.

Donc, que voulait-on savoir ? "Jaques Chirac, 72 ans dont 10 à la Présidence de la République, s'est rendu compte hier soir que sa vision était limitée et qu'il était sujet à un fort mal de tête. Se levant pour aller en avertir un proche conseiller, il a perdu l'équilibre et s'est occasionné une forte contusion au coude en s'écorchant contre une commode Boulle. Immédiatement prévenu, son médecin personnel a diagnostiqué ...", le tout suivi de précisions aussi oiseuses que nombreuses sur la nature de l'affection, son pronostic vital, ses antécédents, et ainsi de suite ? Le tout sans doute accompagné d'une infographie AFP "les accidents vasculaires cérébraux" ?

Non décidément, j'ai du mal à comprendre. Je ne vois pas la valeur ajoutée de ce type de renseignements pour le fonctionnement démocratique. J'ai plus tendance à y voir une manifestation du voyeurisme médiatique. A quand une télé-réalité "That Old President Of Ours" qui suivrait Chirac jour et nuit, de cabinets ministériels en cabinets de toilette ?

Franchement, c'est Urgences à la Présidence qu'on veut, ou quoi ?