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11 juillet 2006

Paris Libre est l'excellent blog du correspondant à Paris de La Libre Belgique. Je ne résiste pas à citer son billet consacré à l'affaire Zidane in extenso:

On n'en croit décidément ni ses oreilles, ni ses yeux devant l'effarante complaisance avec laquelle est traitée l'"affaire Zidane" en France.
On ne se réfère pas spécialement à ce sondage publié ce matin dans "Le Parisien", qui indique que 52 pc des Français comprennent et 61 pc pardonnent le coup de tête que le capitaine des Bleus a asséné dimanche au défenseur italien Marco Materazzi: sans doute ne peut-on demander à une opinion de brûler aussi rapidement ce qu'elle a adoré si longtemps. On en veut plutôt à tous ces médias qui semblent avoir abdiqué leur responsabilité.
En clair? A ces commentateurs arrogants qui justifient la "réaction aussi formidable que spontanée" de Zidane au nom de son "honneur bafoué". Au quotidien "L'Equipe" qui a corrigé ce matin son édito pourtant plutôt juste d'hier. A ces radios ou télés, qui, depuis dimanche soir, manient l'euphémisme et la litote: ne parlent plus de coup de tête mais de "coup d'éclat", transforment un acte de violence anti-sportif en simple "geste brutal", réclament non des excuses mais de simples "explications", trouvent que ces explications relèveraient non pas de la moindre des choses mais "du panache". Et on a même entendu sur les ondes des animateurs qui trouvaient très drôle que, demain, quand un jeune voudra menacer un autre d'un coup de boule, il lui dira: "Fais gaffe! Je vais te faire un Materazzi!"
Cette légèreté est consternante. On préférait nettement, ce matin à la radio, le ton du jeune Samir Mihi, cet éducateur de Clichy-sous-Bois qu'on avait longuement rencontré lors des émeutes des banlieues, cet automne. Lui ne prenait pas du tout ce coup de boule à la légère ou à la rigolade. Et expliquait combien, vu la valeur de "modèle" de Zidane, cela allait être difficile d'expliquer à tous ces jeunes de banlieue "que ce ne sont pas des choses à faire, qu'on ne répond pas à une insulte par un coup de tête". Bon courage, en effet.