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25 novembre 2005

Le Monde se mélange les crampons

Le Monde nous pond un de ces éditoriaux dont il a le secret; aujourd'hui l'objet de son juste courroux est le rap, et ça ne manque pas de panache. Guillermo se fait d'ailleurs un plaisir de relever les poncifs de l'article.

Quant à moi, un paragraphe me remplit de joie (on a les joies qu'on peut, vous savez ce que c'est, et des joies simples sont le commencement du bonheur ...).

Les chants de haine sont inadmissibles et il y a, dans l'abondante production des rappeurs, des mots qui traduisent les dérives de groupes ou de chanteurs qui recherchent la provocation. Il y a même, dans certains textes, des relents de racisme ou de sexisme. Il ne suffit pas de répliquer que l'hymne national, que d'aucuns voudraient supprimer en ouverture des matchs de football, contient lui aussi des paroles de violence — "Entendez-vous dans les campagnes mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans vos bras égorger vos fils, vos compagnes", etc. — pour justifier ces dérapages du rap. Il n'est pas plus tolérable d'entendre siffler La Marseillaise dans les stades de football que d'entendre des paroles qui incitent à la violence ou à l'incivilité.
Pan! Faute de logique! Récapitulons les propos de notre éditorialiste talentueusement anonyme: premièrement, le rap c'est très violent, et la violence, c'est très laid (tout le monde sait ça : ça met à mal les fondations même de l'Etat blahblahblah). Deuxièmement, la Marseillaise aussi c'est violent, mais c'est pas du tout pareil (l'abruti qui demandera pourquoi c'est pas pareil me fera 20 pompes). Donc, que la conclusion logique de ce paragraphe d'anthologie devrait être "il n'est pas plus tolérable d'interdire la Marseillaise dans les stades de football que d'entendre des paroles qui incitent à la violence ou à l'incivilité".

Mais notre journaliste est plus malin que ça : il se rend bien compte que cette phrase n'a aucun sens et qu'elle n'a donc pas sa place dans l'éditorial du Monde. Donc un joli retourné-boulé en vue : une phrase qui sortie de son contexte est parfaitement censée (siffler la Marseillaise est une incivilité, brûler des voitures aussi), mais qui dans le paragraphe est totalement illogique: la seule logique foireuse qui justifierait ce paragraphe serait que puisqu'il est brillamment démontré -foison d'arguments à l'appui- que les paroles violentes de la Marseillaise ne sauraient se comparer aux éructations de "jeunes énergumènes en rupture de ban", dès lors siffler ces paroles est dégueulasse et Ô combien opposé à l'esprit même de l'Etat qui nous nourrit.

Me fais-je bien comprendre ? Sinon vous me dites, et je recommence ...