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28 octobre 2005

Incipit

L'exemple de David Madore m'inspire et, n'ayant pas d'histoire complète à raconter, je tente à mon tour l'exercice du fragment littéraire gratuit. L'indulgence s'impose ...

Le voyageur qui serait amené à prendre la diligence pour Lyon et qui, ce faisant, traverserait le village de X…, où l’on passe en général à la tombée du deuxième jour d’un voyage qui en compte cinq, ne manquerait pas d’avoir l’œil attiré par l’accorte personne qui se trouverait ce soir-là sur le seuil de l’unique auberge du village.

Notre héroïne verrait sans doute son attention attirée par le vacarme de la diligence, jetterait un œil distrait aux vitres sales du véhicule, et serait bien étonnée d’y reconnaître le visage d’un homme qu’elle ne s’attend visiblement pas à voir là.

Restons dans le domaine de l’hypothèse, et imaginons-nous un instant la surprise du voyageur lorsqu’il se verrait dévisagé de la sorte par l’inconnue de l’auberge. Songeons un instant à sa surprise, qui redoublerait si le cocher, obéissant à un geste presqu’imperceptible de la belle, saisissait violemment les rênes de ses chevaux et les forçait à s’arrêter.

Encore un effort d’imagination : le postillon, sautant prestement à bas de son siège, ouvre la porte de la diligence, et d’un air impérieux intime à notre voyageur surpris l’ordre de sortir séance tenante du véhicule, au mépris des droits du voyageur ayant payé son voyage. Le voyageur, dont la fatigue se le dispute à la surprise, ne sait trop que penser, mais devant l’air peu amène du cocher et des voyageurs –lesquels ont visiblement pris le parti du cocher-, il rassemble son maigre bagage à main et sort de la diligence. A peine la porte claquée, le postillon remonte sur sa voiture, fouette ses chevaux, et s’éloigne à grands fracas.

Pour peu qu’il ait été attentif et qu’il soit homme de principes, mon aimable lecteur aura alors une idée à peu près précise de l’étrange situation dans laquelle je me suis trouvé par cette soirée de mars 18.., dans le petit village de X…, alors que je me rendais à Lyon pour affaires, et que j’y étais attendu impatiemment par l’avoué de mon défunt père.

Mon nom est François de Robert, pour vous servir, et je souhaite vous relater mon histoire, pour qu’elle serve autant que faire se peut aux générations futures, mais aussi pour me permettre de tirer un trait décidé sur cette aventure qui m’aura coûté les plus beaux mois de ma vie.