Un truc que j'ai toujours du mal à justifier (ça doit être mon côté crypto-fasciste, à moins que ce soit plutôt social-traître, je m'y perds), c'est quand les décideurs politiques prennent une décision dont ils savent parfaitement qu'elle est rejetée par un gros pourcentage de leur population.
Bon, évidemment, ça vaut surtout en matière morale et éthique. Parce que je ne suis pas naïf (ou libertaire) au point d'appliquer mon doute à la réglementation fiscale, par exemple. J'ai dans l'idée que pas mal de citoyens sont très opposés à l'idée même d'une ponction par l'impôt de leurs revenus ...
Par contre, comment et au nom de quoi peut-on arriver à justifier que la classe politique, par exemple, décide de légaliser l'adoption par des couples homosexuels (c'est en bonne voie en Belgique), alors que les sondages montrent qu'une majorité autour de 60% y sont opposés ? Attention, je ne discute pas du tout du bien fondé ou non de la mesure; je n'ai moi-même pas d'avis définitif à ce sujet.
J'en entends qui ricanent au fond sur l'air du "la vache, il n'a même pas compris le concept de démocratie représentative". Je les rassure: si, je l'ai compris. Et j'en suis même en général un chaud partisan. Par contre, quand une majorité, par essence fugace -on connaît l'alternance systématique qui prévaut en Ve République depuis ... longtemps-, puisse faire des choix sociétaux de cette ampleur contre l'avis de sa population (dont on me rétorquera qu'elle est non-éduquée, qu'elle réagit à chaud, qu'elle est rétrograde, etc.), ne va-t-on pas au delà du concept de démocratie représentative ? Elle fait en tous cas des choix qui engagent des générations entières.
J'ai en général suffisamment de snobisme intellectuel pour me méfier du choix de la population et pour croire aux vertus de l'éducation dont sont statistiquement mieux pourvus les représentants publics que l'homme de la rue. Je ne demande donc pas mieux que d'être convaincu; c'est une question que je me pose: "quel raisonnement intellectuel peut conduire à légitimer les choix faits par la classe politique à l'encontre de l'avis de la population, lorsque ces choix ont une lourde portée sociale, morale, éthique, à long terme ?".
Bon, évidemment, ça vaut surtout en matière morale et éthique. Parce que je ne suis pas naïf (ou libertaire) au point d'appliquer mon doute à la réglementation fiscale, par exemple. J'ai dans l'idée que pas mal de citoyens sont très opposés à l'idée même d'une ponction par l'impôt de leurs revenus ...
Par contre, comment et au nom de quoi peut-on arriver à justifier que la classe politique, par exemple, décide de légaliser l'adoption par des couples homosexuels (c'est en bonne voie en Belgique), alors que les sondages montrent qu'une majorité autour de 60% y sont opposés ? Attention, je ne discute pas du tout du bien fondé ou non de la mesure; je n'ai moi-même pas d'avis définitif à ce sujet.
J'en entends qui ricanent au fond sur l'air du "la vache, il n'a même pas compris le concept de démocratie représentative". Je les rassure: si, je l'ai compris. Et j'en suis même en général un chaud partisan. Par contre, quand une majorité, par essence fugace -on connaît l'alternance systématique qui prévaut en Ve République depuis ... longtemps-, puisse faire des choix sociétaux de cette ampleur contre l'avis de sa population (dont on me rétorquera qu'elle est non-éduquée, qu'elle réagit à chaud, qu'elle est rétrograde, etc.), ne va-t-on pas au delà du concept de démocratie représentative ? Elle fait en tous cas des choix qui engagent des générations entières.
J'ai en général suffisamment de snobisme intellectuel pour me méfier du choix de la population et pour croire aux vertus de l'éducation dont sont statistiquement mieux pourvus les représentants publics que l'homme de la rue. Je ne demande donc pas mieux que d'être convaincu; c'est une question que je me pose: "quel raisonnement intellectuel peut conduire à légitimer les choix faits par la classe politique à l'encontre de l'avis de la population, lorsque ces choix ont une lourde portée sociale, morale, éthique, à long terme ?".
4 Commentaires:
L'exemple classique à ce sujet (j'ai presque honte), c'est l'abolition de la peine de mort en 1981 en France. Le lieu commun veut qu'une majorité de la population y ait été opposée ; il faudrait se baser sur de vrais chiffres, s'ils existent.
La légalisation de l'avortement par Simone Weil rentre peut-être dans le même schéma aussi.
Pour ma part, je crois que la problématique est surtout dans l'insistance un peu démagogique de nombreux hommes politiques à se réclamer sans cesse de la volonté populaire (exprimée ou non par les urnes), plutôt que de se réclamer d'une morale. L'exemple Mitterand a fait beaucoup de mal ici.
Je suis d'acord avec toi- les exemples existent et abondent. Tant mieux! Ce que je me demande, c'est comment justifier théoriquement (sans recours à l'exemple) la validité démocratique de ces décisions prises contre l'avis du plus grand nombre, alors que la démocratie est justement régie par la loi de la majorité...
"J'ai dans l'idée que pas mal de citoyens sont très opposés à l'idée même d'une ponction par l'impôt de leurs revenus"
En es-tu si certain ? :-) Evidemment, dit en passant, comme cela, la formule prête plutôt à sourire. Mais je suis certain que l'exercice serait intéressant.
Demander à chacun combien il estime devoir payer d'impôts, et demander à chacun combien il estime juste de devoir faire payer aux autres. On pourra postuler un montant total national d'IR constant, au début, pour simplifier ... :-)
@Eric: ce qui est à mon avis certain, c'est qu'avec ton sondage, le taux déterminé par tes sondés serait très, très inférieur aux taux actuellement en vigueur dans tous les pays d'Europe occidentale (en gros, pour simplifier, >=40%).
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