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12 juillet 2006

Jusqu'où peut-on tomber trop bas

Ahem. Lecture édifiante dans Libé ce matin: la chanson potache se prépare à devenir le tube de l'été. Devinez à quel propos, la gentillette ritournelle ? Mais de Zinedine Headbutt, bien évidemment.

Best of Morceaux choisis:
Pour eux, ce qui est désormais appelé à devenir un coup commercial, n'était qu'une forme de thérapie. "On était dégoûtés, alors on a voulu dédramatiser"
"Il y a un buzz énorme autour de ce morceau".
"Trois grosses maisons de disques nous ont contactés hier. Ils n'ont pas émis une seule critique, ils voulaient juste savoir combien coûtaient les droits du morceau".
Soulagicon®, anyone ?

11 juillet 2006

Paris Libre est l'excellent blog du correspondant à Paris de La Libre Belgique. Je ne résiste pas à citer son billet consacré à l'affaire Zidane in extenso:

On n'en croit décidément ni ses oreilles, ni ses yeux devant l'effarante complaisance avec laquelle est traitée l'"affaire Zidane" en France.
On ne se réfère pas spécialement à ce sondage publié ce matin dans "Le Parisien", qui indique que 52 pc des Français comprennent et 61 pc pardonnent le coup de tête que le capitaine des Bleus a asséné dimanche au défenseur italien Marco Materazzi: sans doute ne peut-on demander à une opinion de brûler aussi rapidement ce qu'elle a adoré si longtemps. On en veut plutôt à tous ces médias qui semblent avoir abdiqué leur responsabilité.
En clair? A ces commentateurs arrogants qui justifient la "réaction aussi formidable que spontanée" de Zidane au nom de son "honneur bafoué". Au quotidien "L'Equipe" qui a corrigé ce matin son édito pourtant plutôt juste d'hier. A ces radios ou télés, qui, depuis dimanche soir, manient l'euphémisme et la litote: ne parlent plus de coup de tête mais de "coup d'éclat", transforment un acte de violence anti-sportif en simple "geste brutal", réclament non des excuses mais de simples "explications", trouvent que ces explications relèveraient non pas de la moindre des choses mais "du panache". Et on a même entendu sur les ondes des animateurs qui trouvaient très drôle que, demain, quand un jeune voudra menacer un autre d'un coup de boule, il lui dira: "Fais gaffe! Je vais te faire un Materazzi!"
Cette légèreté est consternante. On préférait nettement, ce matin à la radio, le ton du jeune Samir Mihi, cet éducateur de Clichy-sous-Bois qu'on avait longuement rencontré lors des émeutes des banlieues, cet automne. Lui ne prenait pas du tout ce coup de boule à la légère ou à la rigolade. Et expliquait combien, vu la valeur de "modèle" de Zidane, cela allait être difficile d'expliquer à tous ces jeunes de banlieue "que ce ne sont pas des choses à faire, qu'on ne répond pas à une insulte par un coup de tête". Bon courage, en effet.

23 mai 2006

L'oeuf et la poule

Si j'étais cynique, je dirais que cette dépêche est la preuve que la société médiatique se mort la queue: les sondages influencent peu les Français, selon un sondage. A quand le sondage vérifiant à quel point ils sont influencés par ce sondage-là ?

06 mars 2006

Routard ta gueule à la récré*

*En passant, il me semble que ce titre est au moins digne de Libé.

Etant récemment parti en week-end à Lisbonne, nanti (outre de mes bagages contenant ce que l'honnête homme moderne ne peut décemment abandonner pendant deux jours: téléphone portable, iPod, chargeurs idoines, etc.) d'un guide du Routard dernier millésime, je m'en voudrais de ne pas oeuvrer à l'édification des générations futures en relatant mon expérience.

Je ne m'étais jamais rendu compte à quel point le Routard -et je suppose qu'on peut étendre ça à tous les guides touristiques- tend à susciter une sorte de paranoïa chez le voyageur, et l'encourage à voir le mal partout. En tous cas, pour Lisbonne que je ne connaissais pas, c'était criant. Peut-être que j'ai été moins sensible aux diatribes sécuritaires du Routard dans des villes tout aussi dangereuses, mais que je connaissais mieux, comme Rome, Florence, voire même, danger suprême! Naples.

Ca commence à l'aéroport. Que faire quand après une journée au taf', on prend un avion, qu'on arrive à Lisbonne à 21 heures et qu'on ne sait pas trop bien ou se trouve l'hôtel ? Pardi, on prend le taxi... Eh bien, gardez-vous en bien, car le Routard explique que les taxis lisboètes, même s'ils sont abordables, n'ont pas toujours bonne réputation, et qu'on ne compte plus les arnaques au compteur. N'écoutant que votre courage, vous prenez un taxi dans la file officielle destinée à cet effet, et ne vous en trouvez pas plus mal ? Tant mieux pour vous, mais vous avez eu chaud! Et ce n'était que la première alerte.

Décidez-vous d'aller au restaurant le soir même ? Faites ce qu'il vous plaira, vous dit le Routard, mais cependant
"Attention aux amuse-gueules que l'on vous apporte d'office avant le repas, dont le fromage frais coupé en tranches, les olives, le pain, le beurre, etc. Si vous y touchez, ils vous sont comptés automatiquement dans l'addition. De même pour chacune des tranches de pain. Un petit enquiquinement qui peut grever le budget très rapidement, avec des additions faramineuses !"
Résultat des courses, vous regardez d'un air suspicieux le pain qui vous est apporté à la table de l'innocent restaurant que vous avez élu, mais emporté par votre faim -les repas dans les avions ne sont plus ce qu'ils étaient, vous décidez de tester le pâté de sardines à tartiner. Bien vous en prend, évidemment, car tout cela est gratuit et plutôt bon. Là encore, vous voilà passé par le chas de l'aiguille.

Après une nuit reposante, vous partez à l'assaut de l'Alfama, dans un tram 28 célèbre pour la beauté des rues qu'il traverse, mais aussi, mille fois hélas, renommé pour ses pickpockets, vous prévient le Routard (avertissement par ailleurs valable et réitéré pour à peu près tous les autres moyens de transport que vous êtes susceptibles d'emprunter pendant ce week-end: trams, bus, trains, funiculaires, métros: mettez-vous bien dans le crâne que vous n'êtes à l'abri nulle part). Une fois de plus, vous avez joué avec le feu, car vous en êtes sorti aussi riche qu'en y rentrant. C'est sans doute à porter au crédit de ce regard méfiant et soupçonneux que vous avez arboré en direction de tous les passagers.

Dirigez-vous vos pas vers le musée Calouste Gulbenkian ? Vous avez bien raison, car il s'agit là d'un des plus beaux musées d'Europe. Le Routard tient cependant à vous prévenir: réfléchissez-y à deux fois avant d'utiliser la station de métro Praça de Espanha, car elle n'est "pas toujours bien fréquentée". Sait-on jamais, vous dites-vous, et vous utilisez donc la station voisine de Sao Sebastiaõ. Cette manoeuvre de diversion est habile! D'ailleurs, quand vous demandez votre chemin aux gens du cru à la sortie de la station, ils vous regardent d'un air incrédule, puis vous suggèrent de reprendre le métro et de sortir à l'autre station, mais on vous a prévenu, et on ne vous aura pas ... ce qui aura l'avantage de vous offrir une petite balade de 25 minutes le long d'une autoroute urbaine de bel acabit avant de rejoindre le musée.

Enfin, si vous cédez aux charmes d'une balade sur la Praça do Comercio ou dans le quartier du Rossio, prenez garde! Le risque est grand que vous soyez abordé par des individus louches proposant à votre consommation des produits répréhensibles bien que ressemblant fort, de prime abord, à une plaquette de chocolat. Là encore, le Routard vous aura prévenu, dans des termes qui feront passer Al Capone et le Docteur Petit pour d'aimables voleurs à la tire de sous-préfecture. Tel un Indiana Jones lusitanien d'adoption, vous refuserez fermement, et le quidam s'en ira plus loin. Vous l'avez échappé belle !

Je m'arrête là, alors que les exemples sont encore nombreux, mais je pense que vous avez saisi le concept. Vous allez peut-être me dire que je suis médisant, que le Routard ne fait que prévenir, qu'il donne des conseils car les touristes sont nombreux à faire les frais de ce genre de mésaventures, etc. Soit. Tout cela n'est en effet pas très loin des disclaimers monstres que l'on vous fourgue au début des manuels des appareils électroménagers (Ne pas manger l'aspirateur. Ne pas avaler la prise avec des doigts mouillés. Tout usage du mixer pour d'autres usages que ceux pour lesquels il est prévu peut avoir de graves conséquences).

En revanche, ça me semble bien révélateur de certains travers de la société dans laquelle on vit, qui ne supporte plus le moindre risque, et qui considère comme un dû qu'on lui évite de réfléchir. Comme s'il était si compliqué de se rendre compte qu'en tant que touriste, on est plus susceptible de voir son portefeuille attirer la convoitise dans un tram; que l'on rencontre dans certaines gargotes dont l'intérêt gastronomique n'est pas énorme des pratiques commerciales que la morale réprouve; que certains marginaux tentent de faire commerce de marchandises stupéfiantes et qu'il vous appartient de décider si vous désirez donner suite à leurs propositions commerciales.

Non! Le lecteur moyen du Routard (qui, dans sa grande majorité, suppute-je, habite dans nos villes et est donc armé pour faire face à la délinquance moderne revêtue de ses oripeaux les plus obscènes) doit donc être guidé pas à pas, il faut l'empêcher de se tromper, de se faire voler, et de manger à des prix malhonnêtes. J'imagine facilement les lettres de lecteurs offusqués si le Routard ne mentionnait pas ces conseils élémentaires de prudence.
De Mme Portaud, de Montmirail (51). Vous ne nous aviez pas prévenu de l'abondance de pickpockets dans la ligne 28, et mon mari René s'est fait délester de son sac banane qui contenait, outre l'intégralité de ses cartes de crédit, une somme en liquide fort appréciable. Par votre faute, notre séjour à Lisbonne fut exécrable. Je ne comprends pas qu'un guide d'une réputation comme celle du Routard ne prévienne pas ses lecteurs etc.
Quant à moi, je persiste et je signe, je ne trouve pas que ce soit le rôle des guides touristiques. Comme disait l'autre à propos de la notice d'utilisation de je ne sais quel appareil qui mentionnait "ne pas ingérer": soit le type qui lit ça est abruti, et il ne sait pas ce que signifie "ingérer"; soit il est normalement intelligent, et il ne lui serait pas venu à l'idée d'en faire son dessert.

La prochaine fois, je pars en vacances avec l'encyclopédie Universalis !

02 mars 2006

Ségo et les agneaux vendéens

Ségolène au salon de l'Agriculture: Libé ricane, et Koz persifle avec talent.

Moi ce qui m'épate avec Ségo et les désirs d'avenir, c'est que depuis que sa candidature a pris du poids, tous les médias sans exception, ou presque, brâment qu'il s'agit d'un buzz médiatique, qu'il n'y a rien derrière cette candidature, etc.

Quand on y pense bien, ça a deux conséquences réjouissantes:

1. Puisque cette candidature est un buzz médiatique et que les journalistes, ces âmes brillantes, s'en sont immédiatement rendu compte, pourquoi diable continuent-ils à suivre ses moindres faits et gestes (à Ségolène, pas au diable), sinon pour entretenir le buzz médiatique ? L'oeuf et la poule inside.

2. Puisque c'est un buzz médiatique, et étant donné que le bon peuple en a été informé par les journalistes, ces âmes brillantes etc etc, comment se fait-il qu'elle ne baisse pas dans les sondages ? Certains sondés devraient logiquement avoir été dégoûtés par l'aspect médiatique de la candidature de la belle, et donc s'en détourner dans les sondages futurs, non ? Or, rien de tout cela.

Une fois de plus, voilà donc nos amis les médias partis en grand jeté-boulé sans personne pour les calmer ... Mais le plus honteux, ma bonne dame, n'est-ce pas que le peuple les suive ?

01 mars 2006

Post idiot

... donc parfaitement inutile, et par là même absolument indispensable. Guy Dollé (CEO d'Arcelor, voir sa biographie dans le Who's Who) est membre du conseil d'administration de GDF. Ce type semble attirer les OPA comme un chat le virus H5N1...

Folklore national

Il y aurait quand même des livres à écrire et des billets à rédiger sur la fascination qu'exerce le folklore régional sur les médias. Etonnant paradoxe, à l'heure d'une globalisation galopante™ ...

Et à bien y réfléchir, c'est encore plus étonnant. Car le discours dominant, c'est qu'il n'y en a plus que pour les villes, les métrosexuels métropolitains, les bobochics, la technologie, la vitesse, le virtuel et le mondain. Et quand on regarde la télé, la place donnée aux marchés, aux villages et à l'actualité régionale n'a jamais aussi grande. La grippe aviaire ? Et vas-y que je t'interroge une volaillière de l'Ain sur ses chiffres de vente.

Corollaire: tout événement local et régional, a fortiori s'il est festif, est digne de grand intérêt. Les carnavals qui fleurissent pour l'instant ont droit à toutes les faveurs des médias, sous prétexte de leurs origines ancestrales, de leur goût d'authenticité sans doute ... Avec, à la clé, de belles interviews de responsables locaux du folklore, trop heureux de trouver une tribune complaisante pour y exposer dans les moindres détails l'histoire de leur confrérie.

Il n'y a que moi pour trouver ça un peu saoulant, parfois ? Ca doit être mon côté métrosexuel urbain gavé de technologie mondaine ...

28 février 2006

Un mois sans post

Et pendant ce temps:
  • 13 projets de méga-fusion entre entreprises ont été annoncés (le dernier post en date n'en avait été que le préambule). Goldman Sachs, Merrill Lynch et consorts se frottent les mains; quant à votre serviteur, il a tendance à y voir -comme c'est petit!- la cause d'un surcroît de travail expliquant son silence ...
  • 72 enquêtes d'opinion sur la popularité de Villepin & consorts (pour en connaître la quintessence, voir chez Emmanuel)
  • 0 victimes de H5N1, ce que la presse a une légère tendance à trouver très énervant - voir chez Guillermito
  • 182 articles relatant les moindres faits et gestes de notre candidate-préférée-putative-pas sûre-aimée des Français-socialistes ... et le prix du post le plus drôle du mois à Koz
Sans oublier, bien sûr (mais comment le pourrait-on ?), Dick Cheney qui canarde ses meilleurs amis, le Hamas qui veut peut-être bien reconnaître Israël finalement, et notre ami Iznogoud qui fait hurler la gauche avec ses principes quasiment eugénistes.

L'actualité avec de vrais morceaux de blog dedans, ça a quand même beaucoup plus de saveur. C'est reparti pour un tour !

27 janvier 2006

Changement d'ère

Quand on lit le titre de cet article du Monde, on se prend à se frotter les yeux, puis à relire une deuxième fois: le géant indien Mittal lance une OPA surprise sur Arcelor. Et en lisant l'article, on comprend, mieux sans doute qu'en lisant des dizaines d'études sur le sujet, que nous sommes occupés à changer d'ère. La Chine et l'Inde (qui sera, demain, plus peuplée que la Chine) seront les pays d'où seront originaires les sociétés industrielles les plus importantes. A très court terme.

26 janvier 2006

Au moins, l'accident vasculaire cérébral de Sharon lui aura évité de devoir réagir violemment à la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes. Et, par la même occasion, ça nous aura évité de l'entendre vitupérer sur le thème du "je vous l'avais bien dit, ce sont tous des terroristes".

Cette victoire du Hamas n'était-elle pas écrite ? La recette explosive qui a mené à cette victoire tient en une combinaison de facteurs:

i. Les territoires occupés sont maintenus en léthargie économique, sociale et culturelle par la situation actuelle -et l'évacuation cosmétique de Gaza n'y change sans doute pas grand chose;

ii. Tout le monde s'accorde à reconnaître l'activité impressionnante du Hamas dans l'associatif, dans le quotidien dévasté des Palestiniens des territoires occupés;

iii. Même si la presse occidentale reste pudique (aplaventriste selon la terminologie d'Emmanuel) sur le sujet, on trouve ça et là des mentions voilées et discrètes de la corruption généralisée qui prévaut dans le Fatah au pouvoir.

Le résultat des élections est donc logique: quand votre quotidien est dévasté, que le gouvernement en place semble s'en soucier comme d'une guigne, et qu'il existe par contre une organisation qui semble attacher de l'importance à votre sort et que vous cotoyez au quotidien, pour qui votez-vous ?

Et maintenant, quid ? Il est à espérer qu'Ehud Olmert réagira de manière mesurée à cette victoire qui est évidemment une provocation anti-israélienne de première catégorie (note aux bonnes âmes irréductiblement pro-palestiennes: le Hamas prône la destruction d'Israël et est responsable de la grande majorité des attentats suicides menés durant la deuxième Intifada).

Ce qu'il y a de dommage, c'est que cette victoire va donner du grain à moudre aux extrémistes (en Israël et ailleurs), sur le thème du "on savait qu'il n'y avait pas moyen de faire la paix avec ces sauvages". Ce qu'il y a de dommage, c'est que les USA auront beau jeu de se désengager du processus de paix en disant que le Hamas doit d'abord renoncer à ses excitations anti-sionistes. Ce qu'il y a de dommage, c'est que l'excellent et jovial Mahmoud Ahmadinejad ne se privera certainement pas de souffler sur les braises.

Au surplus, la victoire du Hamas est évidemment du pain bénit pour le brillant et dangereux Netanyahu. Alors que Kadima, le parti centriste d'Ariel Sharon, menait dans les sondages, je suis curieux de voir quels seront les résultats des procains sondages et à quel point le Likoud (devenu encore plus droitier et partisan de l'Eretz Israël) aura refait son retard. On comprend les électeurs israéliens: à première vue, sans réflexion politique toujours plus commode à mener quand on est loin de la scène, quel crédit accorder à un parti qui veut faire la paix avec un peuple qui profite de la première occasion qui lui est donnée pour porter des extrémistes au pouvoir ? Ne parlons même pas du parti travailliste, mené par un pacifiste décidé, et qui risque bien de se ramasser une dérouillée dont il a le secret.

Non vraiment, décidément, la victoire annoncée du Hamas aux élections législatives n'est une bonne nouvelle pour personne. Now wait and see...